Dalila GILLET | ARCHITECTURE PORTFOLIO
La géométrie en Islam
Mémoire de fin d'étude
Articles :
- Mais que fait ce pingouin dans le bassin ?
- Une image trop contemporaine ou pas assez traditionnelle ?
Madrasa Attarine, Fès, Maroc (1323-1325)
L’islam a commencé en tant que mouvement religieux à un moment et à un endroit particulier de l’histoire et est devenu une force culturelle puis impériale. Bien qu’il soit vraiment impossible de séparer les différents aspects de la totalité de l’islam, je me suis concentré sur la question de géométrie en Islam.
Entre spiritualité et rationalité, la géométrie occupe une place très importante dans le monde islamique. En effet, elle est l’un des fondements de l’art et de l’architecture en Islam. La différence entre l’art des autres cultures et l’art islamique réside dans la focalisation sur des formes abstraites pures plutôt que sur des objets naturels.
Ce mémoire a pour vocation de questionner l’utilisation de la géométrie dans les compositions islamiques. Commencé il y a longtemps, ce questionnement découle d’un intérêt que j’ai toujours eu pour l’ornementation islamique. Ce n’est que peu récemment, lors d’un questionnement urbanistique organisé à Casablanca (Zellige directeur) par l’atelier Public Relation, que l’opportunité d’étudier ce langage graphique islamique m’a été donné. Cependant le travail de recherches et d’analyse des formes islamiques n’a pas pu être assez poussé par manque de données. En effet très peu d’ouvrages sur la « manière de faire » des artisans, sont parvenus jusqu’ici. Comment créaient-ils leurs compositions ? Quelles en sont les méthodes constructives ?
La grande diversité des motifs géométriques islamiques témoigne du degré de compréhension que les premiers modèles musulmans avaient de la géométrie et de la symétrie. Leur utilisation inspirée de la géométrie a conduit au développement de multiples variétés de modèles, de stratagèmes symétriques et de méthodologies génératives; des choses dont aucune autre culture ancienne ne pouvait égaler l’ingéniosité et la beauté. La diversité et la complexité de cette tradition de conception rendent difficile la catégorisation et, en fait, aucune méthode systématique de classification globale n’a été établie.
La géométrie est l’une des formes les plus puissantes de l’art sacré en Islam. Ces modèles islamiques ont été développés avec des règles géométriques strictes, relatives à la compréhension des formes naturelles basées sur des rapports géométriques universels, définies comme le moteur principal derrière la composition. L’attachement de l’Islam à l’ornement géométrique et plus précisément à la symétrie, découlent tous deux des idéaux esthétiques d’une tradition philosophique classique, à savoir celle du platonisme, qui a été complètement absorbée et pensée à un stade précoce de son évolution culturelle.
La géométrie islamique jouit d’un jeu sans fin de formes géométriques pures, qui lui confère de somptueuses compositions. Générés à partir de formes simples telles que le cercle, le carré ou le triangle, les motifs géométriques sont combinés, dupliqués – à partir d’unités de répétitions définies – entrelacés et disposés dans des combinaisons complexes, devenant ainsi l’une des caractéristiques les plus distinctives de l’art islamique. Cependant, ces compositions complexes semblent incarner un refus d’adhérer, de manière stricte, aux règles de la géométrie. En effet, l’ornementation géométrique dans l’art islamique suggère une quantité remarquable de liberté ; par sa répétition et sa complexité, elle offre la possibilité d’une croissance infinie.
Mémoire de fin d'étude, sous la direction
de Georges Pirson
Sélectionné pour le prix du mémoire 2018
